On désigne par les termes de musique classique l'ensemble de la musique occidentale savante, par opposition à musique populaire, depuis la Renaissance jusqu'à nos jours. Plus spécifiquement, l'expression désigne également la musique du courant classique écrite entre la mort de Jean-Sébastien Bach (1750) et l'avènement du romantisme, dans les années 1820.
Musique classique, musique populaire
La frontière qui délimite la musique dite classique de la musique dite populaire est parfois extrêmement ténue. Tout d'abord, il est intéressant de constater que la musique de la Renaissance (dite classique) tire ses sources tant du Chant grégorien que de la Musique profane des troubadours et trouvères médiévaux. Inversement, la musique de variété du XXe siècle se base en grande majorité sur le Système tonal, introduit par la Musique baroque à l'aube du XVIIe siècle. Les connexions entre les deux grandes familles de la musique européenne sont donc nombreuses, ce qui rend d'autant plus flou le terme de musique classique. En outre, le terme musique classique (musique qui mérite d'être imitée) sous-tend la notion de répertoire qui, avant le XIXe siècle, est tout simplement anachronique.
Compositeurs et interprètes
C'est probablement la notion de répertoire qui différencie le plus sûrement la musique classique de la musique populaire, et ce, depuis le début de la Renaissance. La tradition musicale savante différencie l'interprète du Compositeur, qui écrit ses oeuvres non seulement pour lui, mais éventuellement aussi (ou exclusivement parfois) pour d'autres musiciens, alors eux-mêmes vecteurs pour atteindre l'Auditeur. La musique populaire serait ainsi ancrée dans son époque, mais n'y survivrait pas, tandis que la musique classique est conçue pour résister à l'épreuve du temps à travers des générations d'interprètes.
La musique classique disposerait donc de ce que Nicholas Cook a appelé un "capital esthétique", c’est-à-dire un Répertoire, de par la distinction entre interprète et compositeur, tandis que la musique populaire serait écrite pour et/ou par un musicien ou un groupe de musiciens pour lui même,.
Un anachronisme : Beethoven et la naissance du répertoire
Toujours d'après Nicholas Cook, la conception de la musique dont notre époque a hérité date du XIXe siècle, et tient principalement au personnage de Ludwig van Beethoven. La notion de répertoire, de « musée musical » dont Liszt réclamera la fondation 1835 en tant qu'institution, n'existait absolument pas avant l'ère romantique. Ainsi, des compositeurs tels que Jean-Philippe Rameau, Johann Sebastian Bach ou Joseph Haydn, écrivaient leurs oeuvres pour une occasion précise (la messe du dimanche ou le dîner du prince Esterházy, par exemple), et tout donne à croire qu'aucun d'entre eux ne s'attendait à voir ses ouvrages passer à la postérité. L'un des exemples fameux est la Passion selon Saint Matthieu, dont l'exécution en 1829 par Félix Mendelssohn était la première depuis la création de l'oeuvre, cent-deux ans plus tôt. De même, on sait avec assez de certitude qu'une fraction importante de leur oeuvre nous est inconnue (seules 126 des 200 cantates que Bach écrivit à Leipzig nous sont parvenues).
On remarquera aussi que ces compositeurs réutilisaient souvent le matériel d'une oeuvre pour l'écriture d'une autre selon le procédé de la parodie. Ainsi l'intégralité du premier concerto brandebourgeois de Johann Sebastian Bach se retrouve-t-elle dans les cantates BWV 52 et BWV 207 et la Sinfonia BWV 1071 ; ses 8 concertos pour clavecin sont des arrangements d'oeuvres plus anciennes ; sa Messe en si mineur est composée pour l'essentiel de pages puisées dans différents ouvrages antérieurs.
Ce que souligne en outre Nicholas Cook, c'est que le terme de musique classique a été créé pour désigner justement les oeuvres de ce musée musical imaginaire, musée qui n'existait pas avant le XIXe siècle. La notion de musique classique aurait donc été formée a posteriori de la moitié de la musique qu'elle est censée désigner et serait donc plus que sujette à caution.
L'avènement de ce musée musical fut contemporain de l'ouverture des musées d'arts plastiques ou de sciences naturelles.
L’influence populaire sur la musique classique
Périodes baroque et classique
On ne saurait sous-estimer l'influence que la
Musique populaire a eu dans l'histoire de la musique sur la musique classique. La
Musique baroque utilise et réinvente des
danses populaires telles que la
Chaconne, la
Gigue, la
Gavotte, le
Menuet, éléments incorporés à la
Suite de danses, établissant des rapports étroits avec la musique populaire. En France, les
organistes adoptent les
mélodies traditionnelles des chants de Noël pour en faire un genre très apprécié : le
Noël varié. C'est aussi la vogue des
tambourins,
rigaudons,
musettes que l'on retrouve tant dans la musique instrumentale que dans la
Tragédie lyrique ou les
pastorales, par exemple chez Rameau. La musique pour clavecin de
Domenico Scarlatti incorpore toute une tradition musicale populaire
ibérique, et Georg Philipp Telemann, musicien fécond et éclectique, subit de même le charme des airs de la
Pologne récemment réunie à la
Saxe. Même Bach dans ses suites, n'ignore ni la
Bourrée, ni la
Polonaise. Plus tard au cours du XVIII
e siècle, des compositeurs classiques comme
Joseph Haydn tirent parti de la musique et de thèmes campagnards.
<span class
"romain" title="Nombre écrit en chiffres romains">XIX
e siècle ===
Lorsque s'éveille au XIXe siècle le Nationalisme, le panorama musical européen s'en trouve bouleversé. La musique devient un moyen d'exprimer une identité nationale, opprimée ou triomphante. On ne saurait minimiser l'importance qu'ont pu avoir des compositeurs comme Edvard Grieg ou Antonín Dvořák, qui, utilisant les thèmes folkloriques des campagnes tchèques ou norvégiennes, ont grandement contribué à forger une conscience nationale dans leurs patries respectives. Les Danses hongroises de Johannes Brahms, les polonaises de Frédéric Chopin sont parmi les exemples les plus célèbres, mais toute la musique de compositeurs comme Leoš Janáček, Franz Liszt, Henryk Wieniawski ou Sergueï Rachmaninov est profondément marquées par leur folklore national, contribuant à créer un style propre et aisément reconnaissable à chaque nation, à chaque peuple.
<span class
"romain" title="Nombre écrit en chiffres romains">XX
e siècle ===
Bien entendu, il ne s'agit alors que de s'inspirer de thèmes et mélodies folkloriques et de les utiliser dans un contexte éminemment romantique. Plus tard, d'autres compositeurs comme Béla Bartok ou Georges Enesco pousseront l'expérience beaucoup plus loin, bâtissant leur langage original sur la musique des villages hongrois et roumains.
En outre, l'apport de musiques telles que le Jazz ou le Blues a énormément marqué des compositeurs comme Maurice Ravel ou George Gershwin, pour ne citer que les plus célèbres d'entre eux. De près ou de loin, presque toute la musique savante du XXe siècle est influencée par les différents styles populaires.
L’influence classique sur la musique populaire
Pour autant, l'apport de la musique classique à la
Musique populaire n'en est pas moins important. Le
langage tonal, qu'utilisent l'immense majorité des musiciens de variété a été élaboré au début de la période baroque. En outre, les différentes musiques populaires sont généralement liées de près ou de loin à un pan du répertoire classique, même si ces influences sont très rarement revendiquées. Pourtant, l'utilisation d'un système tonal on ne peut plus conventionnel par des groupes pop tels que
Oasis, avec des enchainements d'accords et des marches harmoniques dignes de la plus pure tradition classique, ou les influences de compositeurs
baroques (
Vivaldi et Bach) sur des guitaristes de
Hard rock ou de
Heavy metal tels que
Eddie Van Halen et
Randy Rhoads sont tout à fait décelables par une oreille avertie.
Notes et références
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